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Désirs d'Avenir dans l'Aisne
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9 décembre 2007

Ségolène, Jésus et la laïcité

Predication_Melle

C’est plus fort qu’elle… Ségolène Royal cite régulièrement les Evangiles, pour le plus grand agacement de ses "camarades". Le pompon à Benoît Hamon, bien alarmiste quand il déclarait en septembre dernier : « J´attends du PS qu´il redevienne un parti laïque […] ».  

Mais dès le début de son dernier livre, Ségolène revendique sa liberté de parole et assume l’influence de certains écrits religieux. Et elle enfonce le clou en citant cette fois la Torah des Juifs, pour évoquer le thème de l’immigration : « Toujours tu accueilleras l’étranger comme ton frère car toujours tu te souviendras avoir été esclave dans la maison d’Egypte ». Ou encore, sur le thème de la solidarité, une citation d’un Père de l’Eglise : « Donne à manger à celui qui meurt de faim, car si tu ne lui donnes par à manger tu l’as tué ».    

D’après Roger Benjamin [1], Ségolène Royal est l’héritière de Jean Jaurès, qui écrivait :

« Les vrais croyants sont ceux qui veulent abolir l’exploitation de l’homme par l’homme, et, par suite, les haines d’homme à homme ; les haines aussi de race à race, de nation à nation, et créer vraiment l’humanité qui n’est pas encore. Mais créer l’humanité, c’est créer la raison, la douceur, l’amour, et qui sait si Dieu n’est pas au fond de ces choses ? » (La question religieuse et le socialisme, 1959).  

Je crois qu’il ne faut pas tout confondre. On peut être laïque et citer un prophète, s’il a énoncé une idée philosophique à portée consensuelle. Ce qui ne revient pas à adhérer aux dogmes (ou aux crimes !) qu’il a inspirés.    

Et justement, les Evangiles sont (parfois) une source de pensées progressistes et libertaires. Même un non-croyant comme moi, peut considérer Jésus comme un simple philosophe, qui évoquait la fraternité et l’égalité entre les humains, qui  pratiquait l’anticléricalisme et la désobéissance citoyenne, qui valorisait la laïcité [2]. Beaucoup de valeurs qui ne devraient pas choquer les gauchistes…  

D’ailleurs, les allusions religieuses ont davantage choqué les "élites" socialistes que les électeurs de Gauche : pendant la campagne présidentielle, Ségolène Royal a convaincu un maximum de "bobos" et de jeunes "issus de l’immigration", qui sont rarement des grenouilles de bénitier…    

Car on reconnaît la laïcité dans les actes et les engagements, pas dans le choix des mots.  

Et sur ce terrain, Ségolène a fait ses preuves. Par exemple en autorisant, quand elle était ministre, la délivrance de la pilule du lendemain, pour les jeunes filles mineures, par les infirmières scolaires ; mais aussi en proposant, pendant la campagne, la gratuité de la contraception pour les mineures.
Ou encore, au sujet des caricatures de Mahomet et du procès contre Charlie Hebdo (qui les avait publiées), elle déclarait : « Quant au blasphème, c’est ce qu’on appelle un ‘crime imaginaire’ et la Révolution de 1789 a aboli cette catégorie juridique » (l’hebdo des socialistes, 2 novembre 2006 – lire la déclaration complète ici ).

Elle avait aussi défendu le PACS (« un statut moderne et souple ») et pendant la campagne, le droit des homosexuels au mariage. Pourtant, dans la Bible, Dieu ordonne : « Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux. » (Lévitique, chapitre 20, verset 13).
 

La Bible et autres textes religieux sont donc une source inépuisable d’idées progressistes ou réactionnaires. Assurément, Ségolène Royal n’y apprécie pas forcément les mêmes extraits que, par exemple, Christine Boutin.    


[1] "Ségolène Royal et le socialisme – Considérations sur le choix des militants du P.S", par Roger Benjamin, Edition     L’Harmattan. 

[2] Quelques valeurs "de gauche" qu’on peut associer à Jésus : 

 - Anticléricalisme : bien que rabbin, Jésus a fustigé le formalisme religieux et l'hypocrisie morale de l’ordre établi par les autorités juives (Sanhédrin).  

 - Désobéissance citoyenne : quand il estimait que la loi était injuste, il ne l’appliquait pas (par exemple, il a osé adresser la parole à une femme samaritaine inconnue) ou alors il la rendait inapplicable (« Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la première pierre ! »). C’est la manière moderne de considérer la loi, qui doit être au service de la justice (et non l’inverse).  

 - Laïcité : à une époque où le pouvoir politique était aussi religieux, Jésus dit « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Autrement dit, il faut traiter séparément le "temporel" et le "spirituel", avec le même respect.  

Illustrations : mise en regard d’une photo de réunion publique (la Fête de la Rose à Melle, 25 août  2007)  et d’un tableau de Bruegel l'Ancien : « la prédication de Saint Jean-Baptiste » (détail - voir ici le tableau en entier).  

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